Les cuisines de Ninotchka

Ninotchka te partage tout ce qui fait son amour pour la cuisine : de la recherche de la recette, à la découverte du marché, jusqu'au petits bistrots de quartiers

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Par Fanny Sorrentino
20 mars · 3 mn à lire
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La newsletter, le retour

Un bref résumé des épisodes précédents. D'où on part et où je vais, toujours en cuisine, toujours avec humour et engagements. Et si tu ne veux que de la cuisine, retrouve la toute fon, la recette du ceviche d'Erica, qui t'arrives tout droit d'un marché couvert de Madrid.

Salut toi, derrière ton écran. Toi qui est soit ma maman (ciao mamma), soit un.e ami.e, soit une relation professionnelle, soit encore un élève non traumatisé de mes ateliers de pâtes. Qui que tu sois, tu es en droit de te demander pourquoi un retour de newsletter, après tant de mois d’absence. Ah parce que comme il y en a certains qui remanient les gouvernements, moi j’ai besoin de faire et de défaire. Et quand je n’arrive pas à faire, c’est que je sais que je dois défaire, pour refaire. Tu suis ?

Les FoodMood, un presque rapide résumé des épisodes précédents

Commençons par le début. La newsletter que tu connaissais sur le nom des foodmood est née avec la pandémie. Mon acolyte Marsie - aka stilettodolcevita - et moi-même, lors du premier et deuxièmement confinement, nous avons multiplié les essais en cuisine, partagé des idées, animé des ateliers en ligne et des lives. Et assez naturellement, et le temps nous aidant, nous avons décidé d'écrire à la fois une newsletter et de créer un site regroupant toutes nos recettes.

Et puis petit à petit la la vraie vie a recommencé, Lyon, Paris, le travail à temps plein, les sorties, le sport, la famille…Et produire du contenu gratuit sur le temps libre, c’est devenu de plus en plus exigeant.

Mais hey, nous avons tenu quasi deux ans à travailler sur des sujets exigeants et variés, en creusant en profondeur, avec passion et humour. Nous avions envie d’aller toujours plus loin, te guider sur les pâtes, les farines/semoules ou encore les câpres (on a toujours aimé les niches). Nous avons même reçu nos premiers messages ou mails de critiques, et je crois qu’on peut dire que ça c’est un peu la rançon de la gloire. Et aussi l’indicateur que nous sommes lues par des français.e.s. Mais ça devenait rock’n’roll de tout enchaîner, et quand tu commences à dire, “on doit sortir la newsletter”, quand tu prends mal les critiques, c’est que le moment est venu. Il faut s’arrêter avant de devenir aigries, tu le sais. Alors oui, sortons les mouchoirs et une chanson de la Lana Del Rey, les foodmood la newsletter telle que tu la connais, n’est plus. Uuuuu attention, je te vois avoir envie de potiner ! Notre amitié est intacte avec Marsie - et c’est pas parce qu’on ne se montre pas sur les réseaux ou que nous n’écrivons plus, qu’on ne cuisine pas ou ne mangeons pas ensemble - ce serait mal nous connaître.

L’une aime toujours autant l’Italie, la Sicile et les blés anciens et l’autre …Moi donc…Et bien, je vais revenir sur mes premiers amours : cuisiner avec les gens, partager leurs histoires par écrit et aussi me balader beaucoup dans les marchés pour continuer les chroniques. Le site donc, notre bébé précieux rempli de recettes reste pour l’instant tel quel.

Te partager via cette petite lettre, un peu de moi et de ma vie en cuisine et toujours des recettes faciles à refaire. Sans pression du quand. Renouer avec l’écriture et des formats pas contraints. Alors, pour ce retour, j’ai eu envie de te chouchouter, de te faire voyager. Je te propose une jolie recette de ceviche, donnée avec amour et tendresse par Erica, à Madrid.

Le ceviche péruvien d’Erica, du marché de la Cebada, Madrid

Une journée et demie pour moi toute seule à arpenter les rues de Madrid. Pas de programme, à part celui de me prolonger dans la movida madrilène, ou tout du moins ce qu'il en reste ou ce qu'ils sont en train de réinventer. Après une première erreur magistrale de choix d'hôtel - probablement un hotel de passe dans lequel je me suis sentie de rester 5 minutes check-in compris - je trouve un petit havre de paix dans le quartier de Las Letras. Entourée de beautés, je me sentais bien.

Pleine des forces des glucides savourées au petit déjeuner,je me plonge dès le lendemain matin dans les ruelles madrilènes. Spontanément, je vais au marché San Miguel : une version trop propre d'un marché de quartier, pensé pour les touristes. Pas ma came, tu te doutes. Alors je continue, un peu au pif, un peu au feeling des rues et des magasins qui me font de l'oeil. Moins il y a de touristes, plus je poursuis ma virée. Et au détour d'une rue, je vois poindre un bloc coloré, qui ressemble fortement à un lieu que je vais aimer. Et... il faut toujours faire confiance à son instinct.

Le ceviche et toutes ses astucesLe ceviche et toutes ses astuces

La rencontre avec Erica

Quartier de la Latina, un vrai marché couvert de proximité. Un enchaînement de petites échoppes que tu ne retrouves plus dans les grandes métropoles : l'aiguiseur de couteaux, la conserverie d'olives, les poissonniers - on y reviendra sur l'importance de ces derniers - mais aussi des écrivains publics, des avocats bénévoles avec des permanences pour accompagner les personnes qui en ont besoin. Et puis des maraîchers, des charcutiers, des bouchers, ou encore un glacier italien avec son laboratoire de production sur place.

Tu te sens bien lorsque tu te promènes dans la Cebada, c'est un peu désuet et c'est très authentique. Tu sens aussi que la fréquentation du lieu n'est pas à la hauteur des attentes des propriétaires des échoppes : beaucoup de messages pour inciter à consommer dans le marché et à promouvoir le lieu. Il m'en faut pas plus : j'ai pris tout ça au pied de la lettre, j'ai arpenté les deux étages avec précision et passion, comme je sais si bien faire dans les marchés. Et là, mon regard se pose sur deux jeunes hommes péruviens qui savourent avec passion leur assiette. Je ne découvrirai qu'après ce qu'ils ont mangé : je les vois littéralement boire le jus qu'il restait dans leur assiette. Je me dois de goûter pour la communauté, c'est un acte professionnel.

Je m'installe au zinc, quand tu déjeunes seule, c'est ma place préférée. Je regarde cette femme calme, préparer les assiettes. Elle me sourit avec beaucoup de délicatesse et douceur. Elle me demande si je cuisine, sûrement ai-je un peu trop observé ses gestes. On commence à papoter, elle cuisine, moi sirotant une Cusquena, la bière péruvienne.

Erica, cette femme en porcelaine

Eirca, ma reina du cevicheEirca, ma reina du cevicheDans ma découverte de Madrid, j'avais prévu d'aller tester une taverne centenaire. Mais je sais aussi que la beauté de la cuisine espagnole te permet par principe de prendre des petites portions. Est-ce que je peux résister à goûter un ceviche ?

Elle interpelle son voisin poissonnier qui lui livre directement un filet de poisson blanc. Elle me dit qu'elle préfère faire comme ça : elle vient de s'installer, les journées ne se ressemblent pas et ainsi, elle est certaine de cuisiner toujours extrêmement frais. Ca fait dix ans qu'elle est à Madrid, elle vient du Nord du Pérou. Elle a appris à cuisiner en repensant aux gestes de sa grande-mère, en refaisant ce qu'elle avait observé dans son enfance. Sa grande-mère, ne voulait pas qu'elle cuisine, car comme me confie Erica, "elle me considérait en porcelaine, elle devait avoir peur que je me casse si je cuisinais". Alors adulte, une fois qu'elle est quand même obligée de se nourrir par elle-même, petit à petit elle s'y met.

Une fois arrivée en Espagne, elle commence un peu par hasard et au gré des demandes à proposer des plats comme traiteure péruvienne. Et puis l'opportunité d'une "esquina" à la Cebada se propose à elle...Et hop, me voilà en train de goûter un ceviche, que je n'arrête pas de refaire depuis...

Tu as envie de tester ce petit voyage au Pérou sans prendre l’avion : toute la recette est précisée ici !